Il existe cependant une exception d'importance : nombre de pays du Moyen-Orient, particulièrement dans la péninsule Arabique, combinent une très forte croissance démographique à des taux déjà faibles de mortalité infantile et à des PNB par habitant très élevés qui, en dépit des inégalités sociales, assurent au plus grand nombre des conditions de vie honorables. Mais cette attitude devint vite intenable : la réalité du tiers-monde s’imposait. En Asie, les colonies ne pouvaient être rétablies. Le démographe français l’utilisa pour la première fois au début des années 50 (1), et la choisit pour titre d’un livre dirigé par Georges Balandier dont il écrivit la préface (2). Ils n’ont pas non plus réussi à instaurer une véritable égalité politique. Mais, sur la longue durée, la tendance à la « démocratisation » des instances politiques, caractéristique de toute l’histoire du système-monde moderne, a accru le pouvoir politique des classes laborieuses dans presque tous les pays. Dans la seconde, la pression fiscale augmente de façon significative. II. En Afrique, des intellectuels se posent aujourd'hui la question de l'utilité même du développement, tant ce continent semble avoir de difficultés à mettre en place des encadrements qui correspondent aux capacités techniques de ses habitants, tant il vit difficilement le passage de sociétés fondées sur la parenté et l'alliance à des entités nationales s'appuyant sur un contrat social. L'Amérique latine se distingue par un très fort taux d'urbanisation, des PNB par habitant et des niveaux de consommation d'énergie relativement élevés, une croissance démographique encore forte mais dont la décrue est amorcée. Aujourd’hui, il est fortement remis en cause du fait de la multiplicité des réalités qu’il recouvre, avec l’essor économique de certains États dits « du tiers-monde » ou, au contraire, la paupérisation de pays dits « développés ». Or cette voiture, nous l’avons vu, subit trois contraintes, qui peuvent être assimilées à autant de dommages à sa carrosserie ou à ses roues. Poursuivant sa réflexion sur l'unité et la diversité du tiers-monde, Yves Lacoste en est venu, vers la fin des années 1970, à considérer qu'un critère commun et presque unique unissait ses constituants : l'ampleur de la croissance démographique (toujours supérieure à 2 % par an, alors qu'elle reste sensiblement inférieure à ce seuil dans le reste du monde). En les englobant dans une même expression, « tiers-monde », on soulignait à la fois les caractéristiques communes propres à tous ces pays, mais aussi le fait qu’ils n’étaient pas nécessairement impliqués dans la guerre froide. Plus ce pourcentage est bas, plus les profits sont élevés. Directeur du Centre Fernand-Braudel, Binghamton et chercheur associé à l’université Yale aux Etats-Unis. Le tiers-monde est en fait principalement composé de pays partageant des D’un point de vue politique, il s’agit de déterminer quel type d’action sociale est possible et souhaitable au cours d’une telle transition. et subst. Plus précisément, il est lié au poids politique des groupes antagonistes — ce qu’on appelle la lutte des classes. Il s’agit également d’une période d’hégémonie incontestée des Etats-Unis ainsi que d’épanouissement des mouvements de libération nationale. Les firmes tenues pour responsables des déchets, ou bien les citoyens ? L'Amérique latine, la plus métissée des grandes régions du tiers-monde, la plus proche des pays riches quant à l'origine du peuplement (langues, usages sociaux, religions…), recherche aujourd'hui au moins autant sa voie dans le retour à ses spécificités, dans son passé précolombien, que dans l'utopie révolutionnaire importée qui lui permettait de se dresser contre les États-Unis. On ne peut, par crainte du déterminisme physique, passer totalement sous silence le fait que les pays du tiers-monde se situent pratiquement tous dans la zone intertropicale ou dans des zones arides, tandis que les pays industriels développés sont localisés dans des zones de climats océaniques ou continentaux, à moyenne ou haute latitude. Dans la première hypothèse, les marges de profit des entreprises concernées se réduisent spectaculairement. Aujourd’hui j’ai donc assisté au discours de Julius Nyerere président de la Tanzanie à la tribune de l’ONU. Comment évaluer précisément la réalité des niveaux de vie dans des pays où beaucoup de biens et services sont payés aux prix, généralement très bas, de marchés intérieurs peu ouverts ? Parallèlement, une régression vertigineuse menace la sécurité individuelle et collective, en liaison avec la perte de légitimité des structures de l’Etat. Mais d’un autre côté, on a des pays qu’on appelle les PMA : pays les moins avancés. Vingt-sept ans plus tard, en pleine mondialisation néolibérale, on se frotte les yeux en se demandant comment la roue a pu tourner à ce point. Les pays dits du Tiers Monde ont considérablement évolué. Celles-ci sont le fait d’un grand nombre d’acteurs, chacun agissant indépendamment et selon ses intérêts immédiats. À l'origine, le vocable «pays non alignés», qui avait un sens politique, devait s'appliquer à tous les pays qui ne se rattachaient ni au bloc atlantique ni au bloc soviétique, à l'image de la Yougoslavie (qui avait rompu en 1948 avec l'URSS), voire, quelques années plus tard, de la Chine. De même les deux Vietnams, mais aucune des deux Corées. Quant aux mouvements de libération nationale, ils avaient triomphé dans le tiers-monde ou se trouvaient sur le point de vaincre. Les capitalistes n’auront plus alors d’autre choix que de rester sur place et d’accepter la lutte des classes. La première phase achevée, le temps venait de juger la seconde à ses résultats. masc. L’esprit de Bandung a disparu. Rien. « C’est le tiers-monde, littéralement. Tiers-mondiste, adj. La pertinence de l'indicateur et du facteur démographiques paraît aujourd'hui de plus en plus incertaine. Mais le niveau du salaire réel est déterminé par les rapport de forces à l’intérieur des différentes zones de l’économie-monde. Y compris le développement de services publics sociaux, pour satisfaire des revendications populaires, assurant de cette façon une stabilité politique relative face au mécontentement croissant des plus démunis. Risquons une métaphore. L'Asie offre un tableau plus composite : certains pays ont un retard conséquent (Népal, Birmanie) et appartiennent au groupe des pays les moins avancés (P.M.A.) Somme toute, leur position était comparable à celle des Anglais à la fin du xixe s. : Londres était défavorable à une colonisation politique de l'Afrique et ne s'y risqua que contrainte et forcée par l'impérialisme de puissances comme l'Allemagne et la France. En 1956, dans un ouvrage publié en collaboration avec Georges Balandier, Alfred Sauvy explicite le terme « tiers-monde », dans une volonté de préciser, voire d'infléchir sensiblement le concept de « sous-développement », né quelques années plus tôt aux États-Unis. Une décision collective de dépollution peut répondre au problème, l’instance qui entreprend le nettoyage — souvent l’Etat — en supportant alors les frais. Devenues désormais quasi universelles, ces dernières n’empêchent pas le niveau d’exigence sociale d’augmenter régulièrement dans chaque pays. Pourquoi ? Les indices sociaux ne sont pas forcément plus pertinents. Cependant, ces deux facteurs s’effacent avec le temps, et, progressivement, ces travailleurs commencent aussi à exiger de meilleures rémunérations. Les pays occidentaux étaient devenus keynésiens, avec Etat-providence, partis de « gauche » légitimes et « alternance » au pouvoir. ... Aujourd'hui . Lorsque tombèrent le mur de Berlin et, avec lui, les régimes communistes, la discussion sur le « tiers-mondisme » était close. Bien sûr, tant que les mouvements communistes, sociaux-démocrates ou de libération nationale se battaient contre des régimes dictatoriaux, coloniaux ou simplement conservateurs, ils ne prônaient pas la patience, bien au contraire. (5) Pour Nikolaï Kondratiev (1892-1938), l’histoire économique repose, depuis deux siècles, sur des cycles économiques longs (d’une durée de cinquante à soixante ans) alternant phases de croissance liées aux révolutions scientifiques et technologiques (A) et phases de récession dues au suréquipement et à la surcapitalisation (B). Logiquement, donc, il convient d’internaliser entièrement les coûts de transformation, c’est-à-dire de les imputer aux compagnies, dont les marges bénéficiaires diminueront d’autant. L'expression « tiers monde » apparait, comme une formule, dans la chute d'une chronique de l'économiste et démographe français Alfred Sauvy en 1952, en référence au tiers état (de l'abbé Sieyès) français sous l'Ancien Régime. Joseph Schumpeter (1883-1950) (6) a dit, il y a longtemps, que l’effondrement du capitalisme serait dû, non à ses échecs, mais à ses succès. Les gouvernements pourraient certes entreprendre une immense campagne de dépollution et de renouvellement organique. Le tiers-monde de 1970 aux années 2000 Le « tiers monde » nommé ainsi depuis 1952 par Alfred Sauvy a vu son cas commencé à être traité en 1955 à la conférence de Bandung, il s'est avéré être la partie du monde non alignée sur l'influence soviétique de l'URSS ou celle des E.-U. La notion de tiers-monde, devenue plurielle, retrouverait alors une redoutable actualité. Elle faisait enfin — et surtout — référence à la Révolution française et au fameux texte de Sieyès : « Qu’est-ce que le Tiers Etat ? Les Etats-Unis concédaient l’indépendance aux Philippines dès 1946, mais la France n’entendait pas suivre leur exemple en Indochine, pas plus que les Pays-Bas aux Indes néerlandaises — d’où des guerres que les métropoles allaient perdre. A cette rébellion succéda d’ailleurs celle de Tito, dirigeant d’un pays communiste, la Yougoslavie, où les forces militaires soviétiques étaient également absentes. L'auteur y évoque l'existence de deux mondes, pays « occidentaux » et pays du « bloc communiste », entre lesquels sévit une guerre froide pouvant se muer en conflit ouvert ; cette opposition tend à nier l'existence d'un troisième monde, l'ensemble des pays sous-développés, d'ailleurs convoités par les deux blocs. Bien sûr, les partisans des interventions expliquent ces médiocres résultats par le caractère inadéquat, hésitant et pusillanime de celles-ci. Si cela ne signifie pas que leur milieu écologique confère irrémédiablement la pauvreté aux pays tropicaux, il est plus que probable que leur développement agricole suppose des techniques spécifiques que les pays industriels n'avaient pas de motif pressant de rechercher. Le capitalisme est un système de production dont les fondements sont l'entreprise privée et la liberté du marché. C’est pourquoi les capitalistes mènent campagne en faveur de réductions d’impôt massives, cherchant à gagner l’appui des masses populaires en dénonçant la pression fiscale sur les ménages. Des exclus qui font d’ailleurs penser à ce qu’on appelait autrefois le tiers-monde... Où en sommes-nous vraiment ? En 1950, ses habitants étaient 68% de la population mondiale, ils seront 87% en 2025, en raison d’un plus grand taux de natalité et de la diminution … : Where this country used to be a model for the Third World of how things should be done, it has now degenerated into its own opposite. Comment la roue a-t-elle pu tourner au point d’en transformer une partie en atelier de la délocalisation occidentale, une autre en zone d’appauvrissement ininterrompu ? Cette triple pression tend à rendre inopérant le moteur principal du système et à provoquer une crise structurelle.